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Pa s de victoire sans sushi.
Il est toujours utile d’avoir une idée d’avance pour l’article du dimanche soir. J’en ai quelques unes dans les tiroirs. Car si raconter une victoire est aisé, ressasser une défaite reste pénible et nécessite parfois de trouver la tangente rhétorique qui vous fera déchirer un carton d’invitation à l’auto-flagellation. Pour autant, abuser des subterfuges pour éviter de remâcher gadins ou déroutes ovaliennes reste une trahison à toute honnêteté intellectuelle. Or point de ça chez nous. J’en ai usé quinze jours plus tôt en vous racontant l’éclatante victoire des Tamalous sur les Miuras de Miramas en place de la gamelle majuscule subie par le VRC face à Saint-Rémy, mais pas cette fois car autant cesser là l’intrigue, le Vitrolles Rugby Club a gagné ce dimanche.
C’était par un après-midi où le vent étêta un arbre sur le bord du terrain et faisait claquer les muscles au moindre choc comme le pincement des cordes d’une guitare. Tient donc ! Miramas, encore eux, dans la version sportive de compétition, se présentait à Fontblanche en outsider façon Japon dans la U-aréna de Nanterre la veille au soir. Et si vous avez vu le match télévisé, impossible de ne pas faire un parallèle sur ce qui se joua le dimanche sur le pré vitrollais. Le VRC empoigna le match avec le plus grand sérieux. Les graves et les basses avaient sonnés dans les vestiaires et l’heure était à la mobilisation générale. En résumé : « c’est à l’heure des difficultés que l’on se compte, c’’est à l’heure des difficultés que l’on compte les grands ». Et au mois où l’on fête le 99ème anniversaire de la paix dans le monde, les métaphores étaient plutôt belliqueuses évoquant dans le jeu barbelés et tranchées ainsi que le fabule la soule comme allégorie d’une guerre fictive pour éviter celle bien réelle des balles et des obus.
Vitrolles prit rapidement de l’avance au tableau d’affichage solaire qui aux heures d’automne prend la fâcheuse manie de s’éteindre toujours un peu plus tôt dans le cours du match. Bressy et Ordisso par leur jeu fait d’étincelles sont toujours les deux pierres à fusil dépositaires du score de l’équipe. La défense s’employa parfois de manière brouillonne, le pack manœuvré par la triplette Scavino-Errécade-Bouziane tint la boutique au courage et Averade se joignit à Livolsi pour des entrées remarquées. Mais c’est Anthony Contreras qui leva les cœurs des tribunes. Le caganis du XV, 3 mois de rugby dans les jambes et joyeux d’être là à 18 ans et 55 jours, remplit de plaisir les spectateurs par sa candeur d’homme, son intuition au jeu, son enthousiasme et surtout le premier essai de sa carrière : tournée générale ! Les rouges et jaunes passent en tête à la pause avec 4 essais transformés dans l’escarcelle et 18 points d’avance. On ne savait alors pas, à l’heure de l’inversion du terrain que la marque des Vitrollais était définitive et c’est pas à pas que Miramas revint et infligea en seconde mi-temps un cinglant 17-0 qui les fit échouer à un sushi du match nul – n’est pas japonais qui veut - ; et de manière encore plus terrifiante, à une transformation de la victoire en rive de Cadière.
Reste une question de tête : « sommes-nous grands à l’heure des difficultés ? ». Rien est acquis et c’est bien le débat toutes vies ; encore une allégorie du rugby.
Christophe Barnier

HOMME DU MATCH